Le reporter photographe Lucas Dolega, de son vrai nom Lucas Mebrouk Von Zabiensky, est né le 19 août 1978 à Paris et a perdu la vie le 17 janvier 2011 à Tunis. Le 14 janvier 2011, il couvrait en Tunisie « la révolution du jasmin », avec ses confrères et amis, Rémi Ochlik, Olivier Laban-Mattei, Pierre Terdjman, Bruno Stevens et Matthias Bruggmann. La manifestation des nombreux opposants au régime avait commencé dans le calme sur l’avenue principale devant le ministère de l’Intérieur, mais avec l’intervention des forces de l’ordre, la situation devient rapidement très tendue. Tirs et fumées envahissent les lieux. Pour se protéger, le groupe de photoreporters se met à l’écart de la foule, à l’angle de rues adjacentes, et continue, de loin, à photographier les émeutes. Un policier tunisien, qui les avait identifiés comme journalistes, les vise avec une grenade lacrymogène, à tir tendu. Lucas Dolega, gravement blessé à l’œil et à la tempe ce 14 janvier 2011, est décédé trois jours plus tard à l'hôpital de Tunis, le 17 janvier 2011.
La photographie n'était pas seulement son métier, c'était sa vie. Il avait commencé sa carrière en 1999 en tant qu’assistant d'un grand reporter en 1999. Après ses études au CFPJ (Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes), il travaille d’abord au Nouvel Obs comme rédacteur. C'est en 2002 qu'il commence sa carrière de photographe en Israël et en Palestine. Lucas fait petit à petit de plus grands voyages en Europe, en Afrique du Nord et aux États-Unis, et se penche sur des histoires sociales : enfants des rues, immigration clandestine, séropositivité. Puis il part en Colombie où il couvre en 2005 le Bogotrax (premier festival de musique électronique d’Amérique Latine). Dès 2006, il couvre les news pour les agences EPA (European Pressphotos Agency) et EPE (agence de presse de langue espagnole). En France, ce seront les affrontements du CPE (Contrat Première Embauche) et les émeutes du sommet de l’OTAN à Strasbourg. A l’étranger, il témoignera de la guerre civile et de l’épidémie de choléra en 2008 au Nord-Kivu, une province du Congo. 2010 le mènera à Bangkok pour le combat des Chemises rouges. Sa route s’est arrêtée en 2011 en Tunisie, le jour de la fuite du président Ben Ali. (Sources : Association Lucas Dolega, Paris-Match, A l’oeil)
Sihem Bachir, Ninon Fassenet, Rajâa El Aoufi et Ambre Robert