.
Des mondes naissaient
sous moi
oliveraies, vignes, bassins
grands de neige
Jardins amnésiques
plantes
troubles fruits
de troubles arbres
Rien sous l’ombre
ne m’échappa
ni l’eau où le soleil a du poids
ni la crête où se dessèche la lune
Le soleil lumière dans sa tête
la lune perdue dans sa nuit s’en vont
et je compte, moi
le temps de l’un, le temps de tous
L’éternité sans souvenir
prendra le ciel, prendra la boue, prendra l’écho
la couleur passe tout s’oublie
les herbes comme les eaux
Et je me suis retournée, moi
depuis l’espace, bleue comme un point
sur mes traces semées
dans la neige, pour en jouir
Jacques Roubaud, Octogone