En l'espace d'une semaine la poésie est orpheline de deux grands poètes. Considéré comme l'un des fils spirituels d'Aimé Césaire, Edouard Glissant vient de mourir à Paris à l'âge de 82 ans. C'est par la poésie qu'il est entré en littérature il y a près de soixante ans. L’homme se définissait encore récemment comme « un jeune poète ». L'anthologie de la poésie du Tout-Monde (2010) est son dernier ouvrage dans lequel il reprend l'idée que les cultures et civilisations sont en contact les unes avec les autres.
Avoir ce qui dans vos yeux berce
Une baie de ciel un oiseau
La mer, une caresse dévolue
Le soleil ici revenu
Beauté de l'espace ou otage
De l'avenir tentaculaire
Toute parole s'y confond
Avec le silence des Eaux
Beauté des temps pour un mirage
Le temps qui demeure est d'attente
Le temps qui vole est un cyclone
Où c'est la route éparpillée
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Edouard Glissant, champ d'îles
Andrée Chédid, 90 ans est décédée dimanche soir, elle est l'auteur d'une vingtaine de recueils de poésie. Poète de Double pays, titre d'un de ses recueils (elle est née en Egypte et vivait en France), elle concevait son art comme l'expression à la fois d'une vie intérieure et d'un rapport au monde.
Trois mouettes
Je te donne trois mouettes
La pulpe d'un fruit
Le goût des jardins sur les choses
La verte étoile d'un étang
Le rire bleu de la barque
La froide racine du roseau
Je te donne trois mouettes
La pulpe d'un fruit
De l'aube entre les doigts
De l'ombre entre les tempes
Je te donne trois mouettes
Et le goût de l'oubli.
Andrée Chédid, Fêtes et lubies